mercredi 8 juin 2016

Sur le chemin de l'école - Fais tes devoirs!

L'école a été une des grandes sources de différence et d'ajustement entre nos deux cultures.
Etant moi-même enseignante dans le secondaire et passionnée d'éducation, j'ai scruté et disséqué tout ce que je pouvais voir du fonctionnement de l'école ici, à l'école de mes enfants, dans leur quotidien, mais aussi à travers des échanges avec des enseignants britanniques ou d'autres parents d'élèves.

Parmi les grandes différences dans notre fonctionnement au quotidien, le découpage de la scolarité a changé la donne dans notre famille. L'école commence l'année où l'enfant aura 5 ans. Mais par "année" on entend ici "année scolaire", donc les enfants d'un même classe fêtent tous le même âge au cours de l'année scolaire.
La première conséquence pour notre famille a été que notre petit Sam étant de septembre, à 3 semaines près s'est retrouvé hors jeu pour l'entrée à l'école primaire. Il est donc en preschool, une sorte de garderie améliorée, ou il est regroupé dans un groupe d'enfants avec une personne-clé, fait de nombreuses activités ludiques et éducatives, mais où au final très peu de temps sont imposés.
Le bon côté de la chose est qu'il a pu prendre cette année pour apprendre la langue et va entrer à l'école avec un vocabulaire proche de celui de n'importe quel petit anglais du quartier. Le point bizarre est que nous sommes maintenant en pleine phase d'adaptation à l'école, avec des séances d'immersion dans sa future classe, et qu'en septembre mon fils fera donc sa deuxième première rentrée. Et je serai parmi ces autres mamans qui verseront une larmichette à l'idée que leurs bébés ont grandi si vite, alors qu'il aurait fait sa rentrée en grande section si nous étions encore en France. Même si je risque moi aussi de verser ma propre larmichette à voir mon petit bonhomme en chemisette bleue et pantalon d'uniforme, son sac brodé du logo de l'école sur le dos, je n'aurai par contre pas de questions sur son intégration, sa capacité d'apprentissage ni de plaintes sur le fait qu'"ils ont décidément trop de devoirs alors qu'ils sont si petits".

Parce qu'ici en effet les devoirs fonctionnent complètement différemment. Et ça aussi ça nous a demandé pas mal d'ajustements. Les enfants rentrent à la maison avec un livre à lire. Ils sont sensés lire tous les jours, mais il n'y a pas de pression de la part de l'école sur combien ils lisent par jour. Les miens aiment lire, et en général on finit le livre le soir même, mais si on y passe la semaine ça ne pose pas de soucis non plus. Chaque enfant reçoit un livre correspondant à sa capacité de lecture, et il évolue sur une échelle de couleur (mes grands sont en violet en ce moment, ils sont tous les deux dans le même créneau, même si Miss C. lit 3 livres par soir et son frère 1).
Il y a une liste de mots à travailler pour la semaine, qui sont donnés en dictée en classe. A nous de nous débrouiller pour apprendre ces mots, on peut s'y mettre un peu tous les jours ou les "zapper" jusqu’à la veille de la dictée.
Et puis chaque quinzaine les enfants rentrent avec leur homework sheets, les fiches de devoirs. Généralement, c'est un petit dossier qui se compose d'une fiche d'activités en maths, une en lecture/compréhension, et soit grammaire/orthographe, soit rédaction. A tout ça s'ajoute une grille sur le devant, l'enseignant propose une quinzaine d'activités et l'enfant en choisit 3/4 qu'il doit réaliser. Parmi ces activités on a un panel très vaste qui touche toutes les sphères du développement. Par exemple lors de son dernier homework, Numérobis a surligné s'entraîner à faire du vélo, chercher des informations sur Neil Armstrong, compter de 10 en 10 dans les deux sens, aider à plier le linge. Il aurait pu créer une chorégraphie, faire une enquête dans sa famille, repérer les signes de l'arrivée du printemps...  Dans ce cadre là, les projets personnels sont encouragés et valorisés en classe. Quand il a eu la possibilité de faire des recherches sur les besoins des plantes, comme c'est un de ses dadas, nous avons achetés plusieurs primevères en pots, monté une série d'expériences, pris des photos, fait un compte rendu sur ordi et apporté les plantes en classe. Mais si il n'avait pas eu envie, il aurait pu à la place faire un dessin de dinosaures.
Bref, c'est plus un ensemble d'idées pour stimuler la curiosité de l'enfant à cet âge-là que des tâches rébarbatives et gratte-papiers. Et en plus, l'école finissant à 15h, ils ont pas mal de temps pour jouer une fois les devoirs finis. Malgré tout, j'entends des parents se plaindre, ils estiment que ça vole du temps de jeu à l'enfant, qu'il a autre chose à faire que passer sa soirée à faire ses devoirs. Et les enseignants ne pénalisent pas un enfant qui n'a pas fait ses devoirs.

C'est un des grands changements dans le fonctionnement de l'école au quotidien. L'école est ici bien plus encourageante et valorisante, parfois à l'excès (j'y reviendrai, mais on a même des stickers et des petits prix quand on à 100% de présence sur la période!). Je trouve que parfois on ne pousse pas assez l'enfant à retravailler ses points faibles, mais il y a quelque chose de très stimulant pour un enfant, notamment quand il arrive d'un autre pays et ne comprend pas la langue, à entendre principalement là où il progresse, et à être très peu mis en échec parce que l'enseignement est très différencié. A coup de stickers, d'awards distribués devant toute l'école, de distinctions pour de petits et grands gestes on valorise bien plus les bons comportements et on motive les enfants à faire mieux et plus. Miss C. est entrée dans le jeu tout de suite, avide de distinctions. Numérobis est plus discret, mais lui aussi aime maintenant signaler en rentrant de l'école son petit autocollant pour un test de calcul mental réussi, ou une dictée sans fautes.

Un autre des grands changements est le découpage de la journée, et la plus grande autonomie des élèves dans leur travail, du moins en Key Stage 1 - les 3 premières années du primaire. Mais j'y reviendrai dans un autre post.


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