vendredi 29 juillet 2016

Le monde est fou, voyez-vous

Désolée du silence, mais entre l'attentat du 14 juillet à Nice, et la prise d'otages et le décès d'un prêtre dans une église, je n'ai pas le cœur à écrire. Soit je parle de tout ça, mais pour au fond dire combien ça me déroute, m'attriste et m’écœure, et je ne fais que rajouter au malaise ambiant. Soit je parle d'autre chose pour alléger l'atmosphère, mais n'est-ce pas indécent? 

Alors je n'en dirai  rien, si ce n'est que l'amour triomphe. Toujours. Et que l'amour parfait bannit la crainte, donc je vais me laisser remplir de cet amour, à en déborder partout autour de moi, dès que possible. (Et aussi que j'en ai marre, et je prie pour un vrai changement, profond, dans notre nation).

Je posterai d'ici quelques jours, autour des lieux et activités à faire en vacances dans le Kent. Mais pour l'instant, place au recueillement, et aux valises aussi. Retour aux racines prévu d'ici sous peu!

jeudi 21 juillet 2016

nouvelle voiture!

Grande étape dans notre acculturation: depuis quelques jours, nous avons une "nouvelle" voiture!(enfin, nouvelle mais pas neuve, hein, pas le budget pour ça!)

Nous sommes donc les heureux propriétaires d'une Fiat Multipla bleue, avec volant à droite et plaques anglaise. Sa place supplémentaire implique qu'on va arrêter de devoir se serrer à 4 à l'arrière quand on transporte quelqu'un.


Du coup on a aussi payé la road tax (équivalent de notre ancienne vignette, sauf que maintenant que tout est en ligne, il n'y a rien à coller sur la vitre), mais pas le MOT (contrôle technique), étant donné qu'ici il est à faire tous les ans mais se transmet lors de la vente.  Et on galère avec la paperasse pour les assurances, personne ne voulant traduire le document, il faut payer un traducteur assermenté pour le faire!

Mais bon, nous roulons désormais avec le volant du "bon côté", plus facile pour les contrôles et certaines manœuvres. Plus de risques aussi quand le passager doit descendre ou embarquer et pour cela se retrouver au milieu de la chaussée. Reste à s'y faire... c'est un recalibrage de nos automatismes. Mais on s'est déjà bien habitué à la conduite à gauche, donc on va s'adapter là aussi.
Par contre, plus de plaque française qui incite à l'indulgence pour nos erreurs.

Dans quelques jours, nous prendrons la route pour la dernière fois avec notre bonne vieille Kangoo, qui commence à fatiguer, mais qui nous a honnêtement servis pendant 8 ans et ce, malgré le peu de cas qu'on a fait d'elle. Encore aujourd'hui elle est pleine de miettes, dessins et bazars en tout genre. Espérons qu'on maintiendra un niveau général de propreté supérieur dans la Multipla!



mardi 19 juillet 2016

Transition Days

... ou peut-être la meilleure idée à "piquer" à l'école anglaise!

Hier et aujourd’hui, les enfants ne sont pas dans leur classe. Non, ils ne sont pas en sortie non plus. Oui, ils sont bien à l'école (on ne plaisante pas avec l'absentéisme ici, je risque une amende).
Où sont-ils? Dans leur future classe. Celle qu'ils auront en septembre.

Voyez-vous, parmi les super-méga-bonnes-idées qu'ont les enseignants anglais, il y a leur utilisation efficace des dernières semaines. Vous savez, celles où les enfants sont trop fatigués ou excités par ce qui est à venir pour "travailler". C'est la dernière semaine, et en plus l'été est enfin là, on a chaud, toussa toussa... Bon je m'égare. Bref, cette semaine du coup, les enfants vont avoir pas mal de parties de fin d'année, (avec la traditionnelle disco des parents d'élèves), de l'apprentissage par le jeu, des évaluations aussi quand même. Mais surtout, pendant deux jours, ils sont avec leur nouvelle enseignante (oui, il va y avoir un homme dans l'équipe, mais mes trois ont bien une enseignante), dans leur future classe. Hier ils ont passé du temps à discuter/écrire etc. sur ce que peuvent être les règles dans cette classe-là, ce qu'ils attendent/aimeraient découvrir l'année prochaine... Ils ont commencé les décos du style étiquettes porte-manteaux. Ils ont décrit leur animal favori.
Bref, toutes ces choses si importantes pour se sentir bien dans sa classe, pour se rencontrer et se découvrir, mais qui prennent tant de temps en septembre, ils les font maintenant.
L'immense avantage c'est que ça permet de partir en vacances l'esprit tranquille (pour les enfants anxieux). Ils ont vécu la nouvelle classe, le nouveau maître, la nouvelle cour de récré pour mon Numérobis qui change de cycle et donc de rythme de travail. Et pour l'enseignant aussi, quel pied d'avoir déjà des visages sur la liste de noms, et d'avoir déjà repéré deux-trois trucs sur ses élèves! Je comprends d'autant plus le stress de la maîtresse de Numérobis qui avait appris qu'elle aurait un français non anglophone dans sa classe et qu'en plus elle ne le découvrirait "qu'en" septembre! Elle a été jusqu'à prendre des cours de français pendant l'été (non, ce n'est pas une perfectionniste - enfin, si, mais pas plus qu'un autre enseignant ici!).

Je me suis renseignée et si c'est une idée géniale, ce n'est pas une exclusivité de notre école, mais un phénomène courant ici. D'ailleurs, Miss C. a dans sa classe deux enfants qui changent d'école à la rentrée et donc sont venus découvrir leur nouvel environnement, mais ils ne seront pas là demain, quand chacun retrouve pour quelques jours encore "sa" classe et "sa" maîtresse.

Quand à Samsoum, il rentre en Reception, et donc l'intégration est encore un chouia plus fouillée. On a eu un samedi portes ouvertes,  une réunion pour les parents avec l'enseignante, la responsable du cycle, le directeur, l'association de parents d'élèves, un classeur avec plein de documents utiles autant côté administratif que pédagogique. Il a passé 3 1/2 journées dans sa future classe, et en bonus avec la preschool il est allé jouer dans leur cour d'éveil. Il salue son enseignante dès qu'il peut la croiser, il a super hâte du coup et sûrement pas peur. J'ai aussi eu un court entretien avec l'enseignante et son assistante pour discuter de ses atouts et ses faiblesses. Il n'y a pas à dire, les anglais savent créer un sentiment de communauté et d'appartenance. Ils savent aussi communiquer.


Alors, si les copains/copines instits passent par là, votre avis: c'est pas une super idée? Et pour les parents, qu'en pensez-vous?


Awards et récompenses

Je vous en avais parlé dans un de mes premiers posts, mais l'enseignement valorise un maximum les élèves ici. Parfois franchement à l'extrême. Mais dans l'ensemble, les enfants ont adhéré au principe, et même à 10 ans ils sont tout contents de revenir avec un sticker, qui a vite fini collé sur le gilet plutôt que sur le cahier, à la mode anglaise.

Il y a donc une, voire plusieurs petites grilles à bons points, qui donnent le droit une fois complétées à un petit prix du panier à récompenses. Il y a ces stickers, que Samsoum récolte quand il aide à ranger, ou que son comportement est super, que Numérobis récolte quand il a bien travaillé en phonics, et sa sœur pour les dictées essentiellement.
Il y a Henry, le nounours voyageur de la classe de Numérobis, qui va de famille en famille avec son cahier où inscrire ce qu'il y a fait. Henry est un petit chanceux, il est en général tombé chez nous des soirs/weekends où il avait de quoi remplir une page - et son maître d'un jour était moins ravi de devoir se farcir la page d'écriture. Henry se mérite, et à côté de la date et du nom de l'enfant, il y a la raison qui a motivé ce privilège.

Henry n'est pas le seul nounours de l'école, un autre nounours visite la classe avec le meilleur taux de présence cette semaine. C'est le côté performance poussé à l'extrême, celui qui met les enseignants anglais hors d'eux et sous pression. Pour lutter contre l'absentéisme, le gouvernement a fixé un pourcentage de présence à atteindre, et chaque école met un point d'honneur à atteindre ou dépasser ce chiffre. En cas d'inspection (tous les 4 ans ici environ), il faut surtout pouvoir prouver qu'on a mis tout en place pour que les élèves soient le plus présent possible. Et ça prend la forme d'une course au 100 d'attendance, avec remise de prix pour les chanceux qui n'ont pas chopé de crève ou n'ont pas eu à s'absenter. D'ailleurs c'était une des préoccupations des miens quand nous avons pris trois jours d'école en mai pour venir voir la famille: ils n'allaient pas avoir leur badge/crayon/marque-page. j'ai rencontré une instit en Reception, qui m'a raconté les parents fâchés quand on leur demande de récupéré l'enfant qu'ils ont envoyé fiévreux à l'école, les vomis à nettoyer...

Mais revenons au côté positif, il y a donc plein de petites discriminations positives pour un enfant qui se comporte bine, travaille de son mieux, réussit brillamment. Il y a le golden ticket, qui donne le droit aux heureux élus d'aller manger dans une salle à part avec une maîtresse, sur une table "où il y a une nappe", et loin des bruits de la cantine. Et surtout, chaque mardi, il y a les awards. Chaque maîtresse nomine deux enfants de la classe, qui vont venir devant tous les élèves de l'école recevoir un petit certificat et se faire complimenter pour ce qui a été réussi, que ce soit académiquement ou pour un grand effort de fait. Il y a aussi des awards de comportement, et des awards donnés par les responsables de la pause méridienne. S'ils sont bien évidemment intimidés, les enfants gagnet à être ainsi valorisés.

Et une fois par période, il y a une assemblée spéciale, l'achievement assembly. On va là aussi valoriser et féliciter deux élèves par classe, mais parce qu'ils ont accompli quelque chose de vraiment particulier, de gros progrès. Là, les parents sont conviés (les grands-parents aussi viennent parfois, c'est un vrai événement), l'enfant est mis à l'honneur, l'enseignant explique pourquoi il l'a choisi, montre/fait lire un des travaux dont l'enfant est fier et qu'il a choisi lui-même en avance. Le directeur lui remet un badge, qu'il pourra porter sur son gilet. Enfin, l'assemblée terminée, les autres élèves retournent en classe mais les élèves distingués ont droit à une collation avec leur famille histoire de fêter ça autour d'une tasse de thé.

Ma miss C. a eu son achievement à la fin de la première période, la maîtresse état épatée de ses progrès rapides. Elle en était pas peu fière, et a porté son badge pendant des jours et des jours.
Il y a quelques jours, j'ai eu le plaisir de recevoir une lettre m'invitant à l'assemblée de vendredi dernier, pour cette fois voir mon fils à l'honneur. Il a dépassé le niveau attendu en fin d'année en maths et en lecture/compréhension. C'est donc une maman très émue quand même, surtout quand la maîtresse a rappelé le parcours de Noé et le travail de rude haleine au départ, qui a vu son grand recevoir la précieuse distinction.

Voilà qui est venu clôturer une semaine bien chargée. pour couronner le tout, nous avons eu les bilans de fin d'année, et les seuls par écrit (mais j'ai eu deux entretiens parents-professeurs). Mon cœur de maman est très fière de la réussite de ses deux loulous qui ont appris une nouvelle langue et réussi à acquérir les connaissances de leur niveau scolaire. Ils vont changer de classe en étant au même niveau que leurs autres petits copains anglais, voire en avance sur certains domaines. Et ça, je vous dis pas comme ça fait du bien après le début d'année chaotique et les mille et une questions lorsqu'ils avaient du mal à s'adapter! Ça rembourse de toutes les fois où j'ai été leur punching-ball émotionnel. Moi je dis, mes enfants c'est les meilleurs du monde!

Performance, Sports Day et concerts.. quand mes enfants se donnent en spectacle

La semaine dernière était bien chargée côté école. Surtout pour Miss C. qui a enchaîné trois jours de performance, le Sports Day et un concert avec son gorupe de cuivres (oui, elle apprend à jouer du trombone à l'école...). L'occasion de vous présenter quelques spécialités d'ici.
Bon, la performance, elle n'aurait pas du en être. Traditionnellement, ce sont les élèves de Year 6, sur le départ pour l'école secondaire, qui donnent un spectacle de fin d'année. Mais cette année, les Year 6 sont une petite promotion, alors c'est tout le cycle qui s'y est mis. Ma miss a donc joué le rôle d'une supportrice de football anglais lors de la finale de l'Euro de 1966, mais si vous savez, celle que les anglais ont gagné face à l'Allemagne! Pour l'occasion, elle a appris un chant de football, le God save the Queen, et un troisième pour leur final que j'aime: Hall of Fame, de The Script.
Miss C. sur scène (désolée, vie privée toussa, pas le droit de poster de photos de l'école sur le net!)

Ici le spectacle de fin d'année (ou de Noël, pour Numérobis en cycle 1) c'est pris très au sérieux. tu réserves ta place, tu la paies, et tu as de toutes façons plusieurs représentations. Franchement je trouve ça bien, qu'ils n'aient pas répété pendant des semaines pour une seule représentation. Miss C. a donc joué lundi après-midi pour ses camarades et pour la postérité (vu que c'était filmé - mais à 10livres le DVD, elle attendra un plus grand rôle pour que je prenne le film...). Elle a joué mardi soir, mercredi après-midi et mercredi soir. Après ça, on a eu un peu de répit dans les répétitions de son texte (et de ses chorus) - non parce qu'elle est douée, notamment en arts plastiques et en théâtre, mais pas en chant.

Jeudi, c'était Sports Day, enfin c'était le jour de réserve, le 1er ayant du être annulé pour faute de terrain trempé (ah, la verte Albion...). On a donc passé la matinée sur le field,  terrain de foot/course/pique nique de l'école, à assister aux diverses courses et relais des groupes et classes.


C'était convivial, le beau temps était de sortie (d'ailleurs, depuis, on a trop de soleil, n'en jetez plus on est pas habitué ici!). Il y avait divers relais de balles à jeter, d'équilibre... Les enfants courent, bien sûr, en sprint, en relais par classe, et avec un relais amusant. Celui de Numérobis incluait par exemple un vêtement à enfiler à une personne en bout de piste.



Il y a eu la course des mamans (je m'y suis collée, mais bien évidemment ai fini 5e sur 6!), celle des messieurs, celle du staff. Puis l'annonce des résultats et un trophée remis à l'équipe de chaque cycle ayant engrangé le plus de victoires. Chapeau aux élèves du secondaire venus encadrer/arbitrer, et au jury pour avoir tout comptabilisé. 

Après tout ça, nous avons pique niqué dans le parc, enfin j'ai pique niqué avec deux amies et mes enfants m'ont lâchement abandonné pour jouer avec leurs copains... Signe qu'ils grandissent, et qu’ils sont bien intégrés non?

L'après-midi, Miss C. jouait avec son band pour l'assembly. Quand en début d'année on a proposé de jouer d'un cuivre, elle a sauté sur l'occasion. Et nous voilà maintenant avec un trombone à caser dans notre petit salon. N'empêche, elle joue plutôt bien, elle aime ce qu'elle fait et ça ne nous coûte ni au portefeuille ni en temps et transport. J'aurai du mal à me plaindre vraiment. Comme toujours, les débuts étaient super enthousiastes mais là si elle répète une fois par semaine à la maison c'est le maximum.

Vendredi, c'était l'achievement assembly, mais là ça mérite un post à part!!


vendredi 8 juillet 2016

La Kermesse à l'anglaise.

Désolée, je ne suis pas passée par là la semaine dernière. pourtant ce ne sont pas les choses à raconter qui manquent, au contraire. Principalement côté école et enfants, fin d'année oblige.

Vendredi 8, c'était la Summer Fayre, la kermesse quoi. Quand je pense kermesse, je pense chamboule-tout, enfants qui courent de partout, ambiance bonne enfant, gâteaux à acheter... 
Ben tout faux! enfin, pas vraiment. Mais ici le but de la Summer Fayre, hein, c'est de renflouer les caisses de l'association des parents d'élèves. Pour ça, il y a un max de stands payants. 
Il y a plein de stands. Plein. Et c’est vrai que ça en jette, à première vue. Mais sur cette bonne trentaine/quarantaine de stands, une dizaine de jeux de kermesse, style pêche à la ligne ou autre. 
Attention, tu ne gagnes un prix que si tu gagnes, hein, et c'est loin d'être une évidence (le côté capitaliste?). 
Par exemple, la pêche à la ligne, ok c'est cheap, mais c'est 30p. pour attraper un poisson. Et si le poisson n'a pas de croix en-dessous, tu as perdu. Autant te dire que mon petit Samsoum, il était franchement déstabilisé, après deux-trois essais infructueux. 
Heureusement, il y avait un stand sympa où faire une petite bouteille en sable coloré, ça l'a consolé un peu.

Mais tu vas me demander: y a quoi dans les autres stands?
A manger: stands de bonbecs, stands boissons/hot dogs, le ice cream van, le camion de bonbons, des gâteaux...
A acheter: des stands tenus par des artisans ou associations caritatives te vendent bijoux, tatoos, savons ou autres babioles. 

Mais surtout: des loteries/tombolas. Les anglais en raffolent. C'est bien simple, il y avait un stand avec des paquets surprises, tu prends un sachet et tu découvres son contenu après coup, un stand où tu tires une ficelle en espérant que ce soit une de celles qui soient accrochées à une bouteille,  un pour deviner le nom du nounours en peluche, un pour deviner où le drone a atterri... et des loteries plus ou moins gagnantes. Tu tires trois papiers numérotées dans un seau, et certains correspondent à des lots devant toi. Moi qui déteste les jeux d'argent et de hasard, surtout si ça se réduit à la tombola, ben autant te dire que j'ai a-do-ré voir mes 3 louloux courir d'un stand 
à l'autre dépenser leur argent pour gagner trois cochonneries plutôt que pour s'amuser.

Et surtout, ce que je trouve dommage, c'est que du coup c'est quand même vachement un truc à vivre en famille. J'avais lâché la bride (et donné un billet) aux deux grands, mais forcément vu qu'il n'y a pas de cartes et que c'est un événement ouvert au grand public, j'avais gardé Samsoum avec moi. Dans l'ensemble, les enfants restent avec leurs parents, et on discute avec quelques parents qu'on connaît déjà, enfin quand on a fini le budget qu'on avait prévu parce qu'avant, on court de stand en stand en essayant de suivre le rythme.

Bref, ce qui pour moi fait le charme de nos kermesses d'école n'y est pas ici, on est presque dans une ambiance fête foraine, les manèges et la musique en moins. Perso, je n'adhère pas vraiment. 
Un de mes souvenirs magiques de kermesse, c'était ce jeu en bois où on lançait des palets. selon où le palet retombait, on avait un certain nombre de points. Mais surtout, j'aimais ce jeu parce qu'en haut trônait une grenouille, et le top évidemment était de mettre le palet dans la gueule de la grenouille... on n'y arrivait jamais, mais on espérait toujours.

Pour vous, qu'est-ce qui symbolise la kermesse? Quel est le souvenir le plus évocateur?

Apprendre une langue - bons et mauvais aspects du bilinguisme

Les mois qui ont précédé et suivi le déménagement ont été remplis de "C'est super, tes enfants vont être bilingues!" "Quelle chance pour eux" "Les enfants, vous vivez une aventure extraordinaire". C'est vrai qu'en tant qu'adultes capables de voir sur du long terme, nous pouvons apprécier combien nos enfants gagneront à maîtriser deux langues (voire plus...) en termes de culture, d'opportunités de vie, mais aussi - soyons honnêtes - en termes d'opportunités de carrière. Nous mesurons aussi combien l'expatriation est une ouverture sur d'autres façons de voir le monde et donc un enrichissement culturel.

De l'autre côté de la barrière, par contre, les enfants voient à court terme. Sous leur angle de vision, ils quittaient tout ce qu'ils connaissaient et aimaient: une maison dans laquelle deux d'entre eux étaient nés, une école où ils se sentaient bien, une église où ils étaient les "chouchoux" de pas mal de monde, leur région, leur famille, leur langue... pour aller vers l'inconnu, dans une maison plus petite, sans aucune maîtrise de la langue, des codes, du rythme. Super, non? Super terrifiant, oui!

Nos tentatives d'apprentissage de l'anglais avant le départ n'ont pas été très concluantes: "Qu'est-ce que tu dis, maman? Non, j'ai pas envie..." Nos tentatives d'apprentissages durant le mois d'août, hébergés chez des amis, avant l'entrée à l'école, n'étaient pas forcément géniales non plus, et une vraie lutte pour faire ces cahiers de vacances achetés avant le départ dans un supermarché (au passage, MERCI à l'inventeur des cahiers par matière!!). Je dois une reconnaissance éternelle à la merveilleuse Helen, instit à la retraite qui a sorti du placard les jeux créées pour les élèves en difficulté qu'elle suivait les dernières années de sa carrière, pour travailler le vocabulaire des enfants.

Observer les enfants réagir et interagir avec cette nouvelle langue a été une expérience passionnante. Numérobis a été très réfractaire, parce qu'il liait son identité à sa langue, et avait au fond cette idée que "si je parle anglais, alors je ne serai plus français". Comme beaucoup de nos compatriotes, nous sommes peu démonstratifs envers nos emblèmes nationaux, et pourtant il n'y a jamais eu autant de drapeaux français dessinés qu'à cette période là dans notre famille.
Miss C. est une personne à essai-erreur: elle s'est jetée dedans à corps perdu, a placé tous les mots qu'elle pouvait dès le début, et a progressé rapidement. Numérobis est un ordinateur: il a téléchargé le logiciel, c'est-à-dire beaucoup observé, beaucoup écouté, très peu parlé les premiers mois, puis s'est complètement épanoui depuis 4 mois. Samsoum a bénéficié de nounous qui connaissaient un peu de français, et très pédagogues. Étant le plus jeune, il parle sans accent - enfin, il a l'accent d'ici, populaire et parfois dur à comprendre tellement ils avalent la fin de certains mots.

Et puis, l'école c'est super mais il faut non seulement apprendre à parler, mais aussi à lire, et à écrire.
Apprendre à prononcer toutes les lettres (on a encore parfois du mal avec les "s" du pluriel), apprendre à écrire à l'anglaise, pour que les camarades puissent relire - combien de barres au m?-, apprendre à compter et calculer en anglais. Notre salle à manger était transformée en salle de classe, avec plein d'indications de langage, des posters de nombres et de phonics. Le premier jour, les deux grands sont partis avec des cartes dans la poche, pour au moins avoir quelques mots de base: les toilettes, la cantine, la gomme...
Ce premier jour, ou ils sont partis dans leur classe avec leur teacher assistant, ils l'avaient redouté et attendu pendant un bon mois. Nous aussi, d'ailleurs. C'est avec pas mal d'appréhension que je les ai récupéré cet après-midi là. Mais ils avaient le sourire aux lèvres, tout s'était bien passé, ils avaient survécu. Nous avons même eu notre première anecdote, à propos du discours du directeur à l'assembly de début d'année. "Vous avez compris son discours?" "Pas trop, mais un peu, parce qu'il y avait des photos. Mais c'est bizarre, parce qu'il parlait tout le temps des cigales, des cigales, sauf que la photo elle montrait des mouettes!" sea-gull = mouette, c'est vrai que ça se prononce un peu comme cigale! Ah, mes petits sudistes...
Le deuxième matin, ça s'est gâté pour Numérobis: "Je veux pas y retourner! Ils vont encore parle en anglais toute la journée!" A partir de là, ça a été une lutte, pour parler anglais, pour faire les devoirs à la maison, parfois pour aller à l'école. Et une boule au ventre pour la maman, et toutes ces questions dans ma tête: "est-ce qu'on a fait une bonne chose? comment vont-ils s'en relever? et si ils se mettaient à détester l'école?" et, et, et...

Petit à petit, chacun a pris ses repères. Ce qui était insurmontable est devenu très difficile, puis compliqué, puis de l'ordre du faisable, puis super simple. Aujourd'hui on passe le temps qu'on est supposé passer sur les devoirs (10-15 minutes en gros), et les enfants parlent anglais sans y penser. Même si il manque parfois du vocabulaire, ou que la structure de la phrase est incorrecte.
Ça donne plein de mélanges amusants entre les deux langues. Les enfants utilisent l'équivalent français du mot anglais, du coup ils se lavent la face, prennent un livre dans la librairie, cherchent leur bouteille (leur gourde). Ils mettent aussi plein de mots anglais dans leurs phrases, notamment pour le vocabulaire de l'école: "on a fait math (à prononcer avec plein de ss dedans) et le teacher elle m'a donné un award pour mon comportement." "maman, je me suis fait mal à playtime".
Ils parlent parfois anglais avec une tournure française, parfois français mais avec des tournures de phrases à l'anglaise: "Quand je suis 5 ans", "J'ai tourné rouge", "Je supporte l'équipe de France", "j'ai joué avec la rouge voiture".
Les mots viennent dans la langue où ils sont le plus employés: c'est difficile maintenant de parler de cahiers et de crayons, mais chaise, brosse à dents ou lit viennent plus vite en français.

Vu qu'on n'a pas instauré de règles sur la langue qu'on parle à la maison, c'est un beau mélange. Petit à petit, depuis le matin de Noël où pour la première fois on les a entendu jouer en anglais, l'anglais a pris de plus en plus de place dans leurs jeux. Mais il n'a pas supplanté le français. L'histoire du soir est le plus souvent en français, mais on a récemment lu le 1er Narnia, en anglais, ou Paddington. Et quand l'appel est urgent, il peut étonnament venir en anglais d'abord "Mummy I hurt myself!". Les histoires des copains aussi viennent en anglais "Mummy, do you know what Lamborghini means?" (ahh, Lamborghini.. merci au petit Preston pour avoir nourri cette fascination obsessionelle!).

N'empêche, maintenant, c'est à nous d'être vigilants sur le français, ou je sens qu'on va finir comme les copines françaises dont les enfants sont nés ici, à leur parler en français mais n'avoir des réponses qu'en anglais. Depuis deux mois on est censés faire des devoirs en français (merci académie-en-ligne!!). Mon souhait serait qu'ils se maintiennent au niveau supposé de leur classe au moins en français et histoire géo. Mais figurez-vous qu'écrire en français, "c'est dur". Alors apprendre ce qu'est un adjectif qualificatif ou un COD, pensez donc! Il est possible qu'on en vienne à utiliser une Saturday French school,  une école où on travaille en français le samedi matin, avec d'autres francophones.
Je reconnais que j'ai beaucoup de mal à déterminer où placer la barre: est-ce que je veux qu'ils soient prioritairement bons en anglais, ou en français? Une de mes chances est qu'ils aiment lire, on va donc continuer à garnir la bibliothèque de livres français, ce qui devrait aider. Je devrais aussi insister pour qu'ils gardent des correspondants et envoient des lettres, mais je reconnais que j'ai la flemme d'alle rà la boîte aux lettres, et envoyer une lettre en France coûte quand même 1 pound, donc ça va vite entre les anniversaires, les vœux, les naissances... J'ai du abandonner l'idée qu'ils gardent leur écriture cursive, non obligatoire ici.

Bref, on n'a pas fini de se questionner, de faire des choix et de douter de nos choix après! Ah, le bonheur d'être parent...

vendredi 1 juillet 2016

L'uniforme - ces jours avec et ces jours sans

Un des clichés associés au Royaume Uni est celui des élèves en uniforme. Ces taches bleues, vertes, jaunes ou violettes qui s'échappent autour de 15h des écoles, ces garçons en cravate et pantalon noir, ou en short d'écolier, avec le blazer portant le logo de leur école. 
L'uniforme sert ici à créer un sentiment d'appartenance: on se reconnaît entre soi, et on est vite identifié aussi. Faites un tour au supermarché du coin vers 16-17h et vous pouvez savoir qui vient de Fleetdown, de St Augustine's, de Deanwood... à la couleur de leur polo. Le plus mignon étant évidemment lors d'un déplacement de classe, avec toutes ces petites têtes (surtout blondes - ou rousses) qui portent la même couleur.


Je ne sais pas ce qu'il en est des écoles privées, mais l'école publique est plutôt souple quand à l'uniforme. A l'école des enfants ils peuvent porter chemise ou polo, avec divers sortes de pulls ou blazers, avec ou sans logo, tant qu'on est en bleu ciel/bleu marine. Les filles peuvent opter pour la robe, la jupe plissée ou le pantalon, gris ou bleu marine, les garçons ont quand à eux un choix plus restreint mais ont deux couleurs et deux longueurs. Pas de cravate, on met ce qu'on veut dans les cheveux tant qu'ils sont attachés, et tant que les chaussures sont noires elles sont valables. Pas d'obligation non plus à acheter dans tel magasin plutôt que tel autre. On arrive au final à un ensemble coordonné mais plein de nuances. Ajoutez les manteaux en hiver, et la cour ne se distingue pas vraiment d'une cour en France. 

N'empêche, les premières fois, ça nous a fait bizarre. Une amie a pris le temps de faire les achats avec nous, très pratique pour savoir combien prendre de chaque et où acheter. On a fait des essayages amusés, mais Miss C. était pas mal inquiète à l'idée de se retrouver avec des enfants habillés "tous pareils" et de ne pas pouvoir les distinguer les uns des autres. Et moi, j'avoue, j'ai eu (et j'ai encore régulièrement) des petits pincements au cœur à voir mon grand bonhomme en chemise/pantalon. 


Y a pas, c'est classe.

Mais si vous leur posiez la question, là, aujourd'hui, ils vous diraient qu'ils préfèrent quand même quand chacun s'habille comme il veut. L'uniforme, ils s'y sont fait, mais ils ne l'aiment pas plus que ça. La bonne nouvelle, c'est que l'année regorge de raisons pour venir à l'école sans uniforme. Il y a eu le jour où Elisabeth II est devenue la monarque ayant régné le plus longtemps, et celui où ils ont célébré son 90e anniversaire. Ces jours là, il fallait venir habillé aux couleurs du pays: bleu, blanc, rouge. Il y a les journées où les élèves soutiennent diverses causes et associations. Leur participation de 1 livre leur "achète" le droit de venir habillé normalement... ou en pyjama (oui, on a des Pyjama's Day, non, vous n'aurez pas de photos), ou habillé avec des pois... 
Il y a eu la fête du livre, où il a fallu aller à l'école habillé en personnage de livre. Les choix cette année se sont portés sur Matilda, Charlie (où est Charlie?) et Sam le pompier.

Cette semaine était une semaine à projets à l'école. Pas de maths et d'anglais, mais histoire, travaux manuels et arts. Numérobis a étudié l'incendie de Londres, sa sœur l'époque victorienne. Et aujourd'hui, adultes et enfants sont déguisés en personnages historiques, ou au moins en costumes d'époque. 
Pour nous il n’était pas question d'acheter encore un déguisement, alors ils se sont creusés la tête pour savoir quoi faire. Et nous avons fini par avoir un soldat romain (premiers siècles de la république, il a fallu être précis pour le choix de la forme et la taille des armes) et Cléopâtre. A base de carton, peinture, vieux rideau et beaucoup d'imagination, avec l'aide de papa et de maman, nous sommes arrivés à un résultat plutôt sympathique il me semble.

(en tous cas, vu le temps passé dessus cette semaine, on va dire que le résultat est à la hauteur)

Les anglais ont un nom pour désigner cette heure et demie intense du matin, à base de "dépêche toi de finir ton chocolat chaud", "où est ton cartable?", "as-tu brossé tes dents?" et autres amabilités matinales jusqu'au moment où on les libère enfin à la porte de leur classe : le school run. Ce matin, le temps passé à coiffer Cléopâtre (coiffure historique, s'il vous plaît, on a une tiare en carton mais elle ressemble à la description historique), à lacer la cuirasse de Marius le centurion, à finir le pack lunch du Samsoum qui a tout de même amené un casque à la preschool, en attendant d'avoir le droit aux costumes l'année prochaine, a fait qu'on a pris le mot au sens littéral: le trajet jusqu'à l'école s'est fait en courant. Bon j'ai motivé les troupes en expliquant que ça faisait partie de l'entraînement du soldat, mais j'ai été soulagée de voir que les portes de l'école n'étaient pas déjà fermées. Marius et Cléopâtre ont rejoint les autres mineurs, charbonniers, empereurs, impératrices, césars, et autres personnages de tout poil. 

Heureusement, aujourd’hui j'ai le temps de souffler et récupérer en vous racontant tout ça, avant d'attaquer une journée intense ou je dois finir de rédiger les programmes de l'école du samedi où j'enseigne et qui a sa réunion pédagogique demain après-midi, de préparer les dossiers des enseignantes de ma section, avec listes des élèves et autres consignes. Entre aujourd’hui et demain, ça donne deux journées intenses, mais samedi prochain sera le dernier avant un bon break. Allez, je vous laisse et je m'y mets!